Être entrepreneur et neuro-divergent : ce qu’il ne faut pas oublier
En 2024, à la suite de plusieurs évènements qui m’ont empêché de continuer dans le salariat, j’ai décidé de créer ma micro-entreprise pour générer un complément de revenus. Je me suis lancée à corps perdu dans mon projet au point d’envisager l’entrepreneuriat à temps plein. Je me suis extrêmement mal préparée et j’ai décidé de partager mes expériences afin de vous faire gagner du temps.
Qu’est ce qui attire les neuro-atypiques dans l’entrepreneuriat ?
- Quitter la rigidité du salariat reste attirant pour beaucoup de monde et surtout pour les personnes neuro-divergentes qui se sentent souvent en décalage par rapport au monde de l’entreprise. Pour beaucoup, le salariat représente des normes organisationnelles inflexibles, une communication aléatoire avec les différentes équipes et un rythme épuisant qui peut rarement être adapté.
- L’opportunité de créer une activité sur mesure qui limiterait tous les risques dus à leur handicap ou à leurs troubles : surcharge sensorielle, interactions forcées à l’oral ou à l’écrit, clientèle imposée, méthodologie inadaptée.
- Depuis la pandémie, une nouvelle manière de voir sa vie professionnelle est apparue en France : mettre du sens dans son travail. Les reconversions sont multiples et l’entrepreneuriat permet de mettre à profit ses compétences dans ses passions ou dans les causes qui animent ceux qui n’ont jamais réussi à prendre leur place dans le salariat.
- Devenir totalement indépendant financièrement en gérant soi-même son rythme reste souvent l’objectif principal. Être capable de générer des revenus sans se suradapter à temps plein et sans craindre d’être « démasqué » par son équipe reste un avantage non négligeable.
Personnellement, je n’avais jamais envisagé me lancer à mon compte un jour et ce, malgré mon profil entrepreneurial récurrent dans les tests de personnalité. Je n’avais donc aucun objectif précis : je vous raconterai comment j’en suis arrivée là dans un prochain article
Du rêve à la désillusion : la réalité de la gestion d’entreprise
- La gestion administrative et commerciale est un élément important à prendre en compte. Vous ne pourrez pas y échapper car elle reste le socle de votre activité.
- Le mythe de la liberté totale est tentant pour s’extirper des normes professionnelles. Les entrepreneurs neuro-atypiques sont souvent très impatients de se lancer dans l’aventure pour se débarrasser de leurs contraintes qui au final ne disparaissent pas mais se transforment.
- Se confronter à la communication et au marketing peut être effrayant quand on se met en retrait ou qu’on utilise un « avatar » quotidiennement en entreprise. Il peut être dur de définir le chef d’entreprise que l’on veut incarner après des années à suivre une hiérarchie.
- La solitude entrepreneuriale est un des facteurs sous-estimés mais encore faut-il se connaitre pour éviter de s’épuiser dans des relations professionnelles qui ne mènent nulle part.
- Les modèles sont rares en France, le sujet de la neurodivergence étant encore peu connu, les réussites neuro-atypiques commencent seulement à émerger aux yeux du grand public. Les préjugés sur les handicaps et les troubles du neurodéveloppement dans l’entrepreneuriat restent bien ancrés. Il est donc normal de s’attacher aux rares modèles visibles pour tenter de marcher dans leurs pas tout en oubliant sa propre singularité.
Pourquoi et comment prendre en compte sa neurodivergence dans sa création d’entreprise.
Certains profils neurodivergents souffrent parfois d’anxiété et préfèrent anticiper ce qu’ils peuvent lorsque c’est possible. En respectant vos particularités, vous vous assurez de ne pas provoquer des situations qui peuvent vous nuire.
- Vous êtes unique avec vos particularités, vous pouvez créer votre organisation professionnelle propre. Vous n’avez plus d’horaires conventionnels à respecter, ni d’espace de travail inadapté pour travailler. Vous créez votre activité à votre image et c’est l’avantage principal pour votre profil.
- Vous n’aurez pas à tester toutes les solutions miracles disponibles en ligne pour avancer. En connaissant vos limites et vos atouts, vous savez précisément où orienter vos recherches et vos démarches pour faire progresser votre entreprise.
- En définissant ce que vous ne voulez pas, vous limitez les situations à risque de tout type et vous pouvez ainsi anticiper les périodes de suradaptation. Vous pouvez ainsi organiser votre emploi du temps en fonction de vos difficultés.
Les facteurs à anticiper pour éviter certains écueils
Parfois, il suffit de petits détails pour éviter de se compliquer la tâche 😜
- Envisagez et déterminez votre cadre de travail : choisissez un rythme qui convienne à votre niveau d’énergie réel, définissez votre espace de travail et adaptez-le selon vos besoins spécifiques.
- Selon votre profil de communication, prévoyez vos pauses « sociales » dans votre emploi du temps. Il n’est pas nécessaire de s’infliger plus de contacts énergivores que dans le salariat.
- Faites la liste de vos limites et des situations à risque afin de les éviter ou envisagez d’être accompagné si vous n’avez pas la capacité d’accomplir certaines tâches.
- Trouvez vos propres outils numériques ou papier : ce sont ceux qui vont paraissent intuitifs dans leur utilisation qui vous aideront le mieux. Si vous êtes un profil neuroatypique curieux, ne vous laissez pas tenter par tous les produits mis en avant. Regardez les démonstrations en ligne peut vous aider à vous faire une idée.
- Remettez en question vos croyances : les préjugés sur l’entrepreneuriat peuvent impacter votre moral au quotidien, voire vous paralyser. Des injonctions telles que : « il faut travailler plus que dans le salariat pour réussir » peuvent faire de gros dégâts sur des neurodivergents habitués à se conformer aux attentes de la société.
J’ai moi-même répondu à beaucoup d’injonctions implicites et fais beaucoup d’erreurs citées dans cet article et j’ai encore du mal à me défaire de pas mal de croyances qui me collent à la peau. C’est totalement naturel de vivre une période de transition entre une vie salariale et entrepreneuriale, il faut juste prendre le temps de comprendre et d’apprendre ce qui est prioritaire dans sa création d’entreprise pour ne pas se lancer dans le vide.
Vous l’aurez compris, avant de vous lancer concrètement, il va falloir déjà établir vos priorités, vos limites personnelles et surtout comprendre quel est votre véritable objectif. Toute création d’entreprise implique une gestion régulière qui peut paraitre compliquée si elle n’est pas organisée en amont mais elle permet aussi d’apprendre à se connaitre.
Avez-vous déjà pris en compte votre neurodivergence dans la gestion de votre entreprise ? Si non, démarrez par la liste de vos besoins réels pour poser les choses 🙂